mardi 20 janvier 2009

Le poète de l’entité roumaine
Grigore Vieru, un des plus grands écrivains roumains contemporains, âgé de 73 ans, nous a quitté ce dimanche, pour une place éternelle dans le panthéon des grandes valeurs de la culture nationale. Il est né en Roumanie, en 1935, en Bessérabie, province historique annexée et transformée, en 1940, par l’URSS, en république soviétique. Des dizaines d’années durant, il a rêvé de revenir en Roumanie et, après 1990, lorsque la Moldova est devenue indépendante, il a espéré voir se concrétiser la réunification des territoires roumains, selon le modèle allemand. Il fut un combattant téméraire de la langue roumaine devant les tentatives de russification et il est monté sur les barricades de la résurrection de la culture nationale dans une République de Moldova dominée, politiquement, par les communistes. Il fut, comme l’appréciait le président roumain, même, Traian Basescu, dans son message de condoléances: ”une voix de la conscience roumaine”.

Membre de l’Académie Roumaine, Vieru représenta la proposition de ce Forum pour le Prix Nobel de la paix, en 1992. Un autre membre de l’Académie Roumaine, Razvan Teodorescu, disait à son propos:
”Grigore Vieru représentait, dans un temps où le “românisme”, l’idée de “românitate”, l’idée de noblesse de la langue roumaine, ne vaut pas assez aux yeux des hommes de culture et des hommes politiques, le messager d’une génération lointaine de Roumains qui ont conservé l’idée nationale et qui l’ont défendue.”

Collègue de Vieru, de la même génération, l’écrivain et journaliste Nicolae Dabija déplore la disparition de l’homme qui avait acquis une valeur de symbole pour les Roumains de Bessérabie:
”Vieru a fait preuve de mérites exceptionnels dans le rapprochement des deux rives du Prut. Il fut un combattant pour la langue roumaine, pour le retour à l’alphabet roumain, pour l’identité roumaine. Il fut un des initiateurs des “ponts de fleurs”. Tout cela s’érige comme un monument, comme des statues sculptées par le poète pendant sa vie. Il fut plus qu’un poète, il fut une sorte de symbole de la Bessérabie aliénée.”

S’il y avaient des gens qui voulaient voyager dans le Cosmos, Vieru; lui, avait voulu, depuis toujours, arriver en Roumanie. Un poème anthologique intitulé “Lettre de Bessérabie”, exprimait le drame, en lecture de l’auteur, l’essence d’une réalité cruelle:

”Pendant ce temps pourri et vide,
Moi, mon frère, comment te le dire,
Ils m’ont menti, à l’école, disant que tu étais mon ennemi, non pas frère véritable,
Je vous écris, de Bessérabie, mes doux frères de l’au-delà du Prut,
Je vous écris, comme je peux, et trop tard,
Je languis après vous et je vous embrasse,
Je languis après vous et je vous embrasse.”

(Valentin Tigau ; Costin Grigore)

Sursa RRI

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